A) Esclavage et première musique afro-américaine
Il faut distinguer à l’epoque, les premiers Noirs du Nord et ceux du Sud. Au Nord les maîtres considèraient les Noirs comme des « alter ego » c’est à dire des travailleurs sans contrat. Ils étaient libérés une fois que le maître considèrait qu’ils avaient par leur travail remboursé leur prix d’achat. Dans le Sud, les Noirs exercaient des métiers exigeant un certain degré de qualification.
Esclaves ramassant du coton
Le négro spiritual
Avant d’être des afro-américains ces esclaves sont des africains déracinés qui chantent des chansons folkloriques africaines, qui peu à peu, perdent leur signification sur le territoire américain.Pour les colonisateurs il est indispensable de christianiser ces populations : ils vont donc se charger d'inculquer à ces populations, les psaumes et cantiques chrétiens. Ces chants, aux mélodies encore peu définies laissent une part d'improvisation aux populations noires, qui s'approprient ces chansons et vont créer leurs propres versions.
Elles sont souvent créées sur le même modèle de questions, réponses. A capella, un chanteur principal chantait la mélodie, les autres reprenaient en chœur le refrain. Le thème principal est la religion, mais ces chants peuvent aussi être des complaintes face à leur situation d'esclaves ; en effet les chants d’esclaves dans les chants de cotons peuvent être considérés comme le premier type de musique afro-américaine.
Les Negro spirituals ont pour thèmes la rédemption, le triomphe de l'espoir sur la misère et la délivrance. Ces chants reflètent la foi profonde des Afro-américains et renferment parfois des messages cachés de résistance. La plupart des maîtres d’esclaves ne peuvent pas les comprendre, ou sont obligés de les tolérer, comme par exemple un des negro spiritual traditionnel du XIXème siècle ; Go down Moses, inspiré de l'Ancien Testament (Exode 5:1 et 8:1: “L'Éternel dit à Moïse : Va vers Pharaon, et tu lui diras : Ainsi parle l'Éternel : Laisse aller mon peuple, afin qu'il me serve.”). Les Noirs donnent en effet un sens très particulier aux thèmes puisés dans la Bible, en particulier l'Ancien Testament. Les récits des souffrances et des peines des Hébreux ont eu une résonance très profonde chez les esclaves noirs qui étant dans une situation similaire, s’identifient aux Hébreux.
Et tandis que les esclaves peinaient,une sourde pulsation montaient en eux; ces esclaves qui n'étaient que des bêtes aux yeux de leurs maîtres, reprenaint leur humanité à travers leurs chants: les works songs ou chants de travail.
Les maîtres les laissaient chanter car la cadence de ces chants permettait au traval d'être fait plus rapidement. Cependant ils ne se rendaient pas compte qu'à travers ces chants les esclaves se parlaient, s'encourageaient en reprenant les cantiques d'espoir qu'il leur avait été inculqué; c'est la naissance des négro spirituals.
Les maîtres les laissaient chanter car la cadence de ces chants permettait au traval d'être fait plus rapidement. Cependant ils ne se rendaient pas compte qu'à travers ces chants les esclaves se parlaient, s'encourageaient en reprenant les cantiques d'espoir qu'il leur avait été inculqué; c'est la naissance des négro spirituals.
| Fisk Jubilee Singers - Go Down Moses .mp3 | ||
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Ces chants sont des véritables appels à l'évasion et les maitres ne peuvent en interdire l'usage puisque ces derniers sont censés parler de Dieu. Cependant les esclaves parlent de eux-même, de leur condition et de leur souffrance.Encouragés par ces chansons certains vont s'échapper vers le Nord -où les conditions de vie sont meilleures pour les esclaves- grâce à "l'underground railroad", des trains de nuit à destination de New York ou Baltimore.
Ce désir de liberté est engendré par des conditions de vies terribles, et de nombreux maltraitements ; en effet l'esclave n'était pas consideré comme un être à part entière.
Parmi les châtiments utilisés figurent les privations, les travaux supplémentaires, le marquage au fer rouge pour les fugitifs, la castration ou les mutilations. En plus des violences physiques ou de la mort, les esclaves étaient placés sous la menace constante de perdre un membre de leur famille si le propriétaire décidaient d'une vente. Cependant, si l'esclave n'avait aucun droit et pouvait être sévèrement puni, le planteur n'avait pas intérêt à maltraiter ses esclaves : les traces de fouet diminuaient la valeur marchande de l'esclave car elles montraient qu'il était insoumis ou paresseux. Les esclaves de sexe féminin étaient victime d’abus sexuels par les proprietaires, les membres de leur famille ou superviseurs blancs.
Parmi les châtiments utilisés figurent les privations, les travaux supplémentaires, le marquage au fer rouge pour les fugitifs, la castration ou les mutilations. En plus des violences physiques ou de la mort, les esclaves étaient placés sous la menace constante de perdre un membre de leur famille si le propriétaire décidaient d'une vente. Cependant, si l'esclave n'avait aucun droit et pouvait être sévèrement puni, le planteur n'avait pas intérêt à maltraiter ses esclaves : les traces de fouet diminuaient la valeur marchande de l'esclave car elles montraient qu'il était insoumis ou paresseux. Les esclaves de sexe féminin étaient victime d’abus sexuels par les proprietaires, les membres de leur famille ou superviseurs blancs.
De 1776 a 1885, l’expansion des cultures de coton vers l’ouest a engendré de grands mouvement de migration d’esclaves. Environ 1 million d'esclaves ont été déplacés Une partie des déplacements d'esclaves s'opéraient par la voie maritime, principalement depuisNorfolk (Virginie) jusqu'à la Nouvelle-Orléans. La traite devint la plus vaste entreprise du Sud, cette industrie développa son propre langage composé de termes tels que bucks (dollars en argot) qui sont rentrés dans le langage courant, et sont toujours employés aujourd'hui. Le développement de la traite entre les États de l'Union et l'arrêt de la traite négrière en 1808 provoqua une hausse du prix des esclaves qui contribua notamment à relancer économiquement les états côtiers.
Ci-dessus,de gauche à droite ; Esclave fouété par un driver, Esclaves dans une plantation d'état côtier.
B) Prise de conscience
On peut répertorier 250 révoltes et complots d’esclaves du XVIIe siècle à la fin du XIXe siècle. Le but est principalement de conquérir un territoire ou de préparer une évasion massive. Dans la majorité des cas la révolte a été ébruitée et le complot démasqué.
Ce fut le cas des plus célèbres d’entre elles comme celles de Gabriel Prosser, un forgeron, qui planifia la conquête de la Virginie le 30 aout 1800. İl a fallu que le gouverneur Monroe mobilise des centaines de soldats et une importante milice pour empêcher les esclaves de prendre d’assaut la ville. La répression qui s'en suivit, verra l'exécution de 35 personnes. Devant le tribunal qui le jugeait Prosser, chef de l'insurrection déclara au juge:
«J'ai risqué ma vie en tentant d'obtenir la liberté pour mes compatriotes et je suis prêt à me sacrifier pour leur cause. Je demande la faveur d'être exécuté immédiatement. Je sais que vous avez décidé de verser mon sang, alors pourquoi cette parodie de justice?.»
Ce fut le cas des plus célèbres d’entre elles comme celles de Gabriel Prosser, un forgeron, qui planifia la conquête de la Virginie le 30 aout 1800. İl a fallu que le gouverneur Monroe mobilise des centaines de soldats et une importante milice pour empêcher les esclaves de prendre d’assaut la ville. La répression qui s'en suivit, verra l'exécution de 35 personnes. Devant le tribunal qui le jugeait Prosser, chef de l'insurrection déclara au juge:
«J'ai risqué ma vie en tentant d'obtenir la liberté pour mes compatriotes et je suis prêt à me sacrifier pour leur cause. Je demande la faveur d'être exécuté immédiatement. Je sais que vous avez décidé de verser mon sang, alors pourquoi cette parodie de justice?.»
La rébellion de Stono est la plus grande révolte d’esclaves qu’ait connus le territoire américain. Le 9 septembre 1739 une marche vers la Floride est organisée. Apres avoir mis a sac un dépôt d’armes, des esclaves sur le sentier de la guerre vont mettre le feu à toutes les maisons des villages qu’ils traverseront. Les révoltés continueront leur marche en saccageant tout sur leur passage. Seule l'intervention d'une milice levée par l'Etat, devait mettre fin à cette révolte sanglante.
Les révoltes naissent le plus souvent du meurtre du régisseur ou du maître,ou encore de la destruction de la propriété. Ces révoltes ont périodiquement donné lieu à un durcissement de la surveillance et des règlements applicables aux Noirs, qu’ils soient libres ou esclaves. Cette l'affiche, à droite plus haut, résumant les évènements de l'insurréction de Stono, illustre le renforcement des lois concernant le sort des esclaves jusqu'en 1865.
C) La guerre de Sécession (1861-1865) et l'apparition de nouveaux genres musicaux
Guerre de Secession
Le problème de l'esclavage dans le Sud des États-Unis conduisit Abraham Lincoln à promettre son abolition s'il était élu. Son élection conduisit donc les États du Sud à demander la Sécession, c'est à dire la séparation volontaire de plusieurs territoires du reste du pays. Celle-ci leur fut refusée (elle aurait en effet privé les caisses fédérales de l'essentiel de ses impôts), conduisant à une guerre civile appelée Guerre de Sécession.
Guerre de Secession
La guerre de Sécession ou guerre civile américaine est une guerre civile survenue entre 1861 et 1865 . Les acteurs de ce conflit sont les États de l'Union ( États favorables à l'abolition de l'esclavage) opposés aux États de la Confédération dirigés par Jefferson Davis. Ces derniers rassemblent onze États esclavagistes du Sud qui avaient fait sécession des États-Unis.
Cette guerre provoqua la mort de 620 000 soldats et de milliers de civiles. C’est la guerre la plus meurtrière qu'aient connue les États-Unis au XIXème siècle. Malgré ce bilan lourd, elle mit fin à l'esclavage, et unit les 23 états des États-Unis et renforça le rôle du gouvernement. Les conséquences économiques, politiques et sociales de cette guerre continuent d'influer sur la pensée américaine contemporaine.
Finalement, en 1865, le 13e amendement à la constitution abolit l’esclavage sur tout le territoire américain. Peut-être y a-t-il une influence des négro spirituals, qui par leur beauté ont touchés l'âme des blancs. Après 1865, un grand nombre d'anciens esclaves se retrouvent sans travail et de nombreux planteurs font faillite. De nombreux Noirs commencent à partir vers les cités industrielles du Midwest et du Nord-Est des États-Unis. Rejetés par les populations blanches, ils se regroupent dans certains quartiers : Harlem à New York.
Le Gospel
Suite à l'abolition de l'esclavage en 1865, les populations noires migrent vers les villes. Le negro spiritual qui est à l'origine rural migre donc vers les villes ou il s’enrichit d’instruments (orgue ou piano, tambour et guitare) et d’une gestuelle, claquements des mains et mouvements du corps. C’est la naissance du gospel. Toujours inspiré de chants religieux, l’étymologie du gospel vient du mot « god » et du mot « spell », gospel veut dire donc «la parole de Dieu ».
Les Minstrel Show
Après l'abolition de l'esclavage, le Nord libère les esclaves tandis que le Sud considère toujours les noirs comme des bêtes à traquer et à pendre pour préserver le pouvoir blanc. L'abolition de l'esclavage fut suivit de 90 ans de ségrégation légale avec l'assentiment hypocrite du Nord ; les lieux publics et certains magasins sont uniquement réservés aux blancs, le droit de vote est refusé aux noirs. Ces mesures sont appellées les lois Jim Crow, appellation choisie en raison d'un personnage éponyme d'un "minstrel show". Les "minstrel show" étaient les spectacles les plus populaires des États-Unis, il s'agissait de spectacle satyrique où des blancs le visage peint en noir, caricaturaient les manières des noirs. Petit à petit, on introduit dans les minstrel shows des noirs qui se caricaturent eux-meme, puis imitent les blancs en train d'imiter des noirs jusqu'à ce que tout le monde finisse par imiter et caricaturer tout le monde pour faire rire le public. C'est dans ce mélange de racisme et admiration que naît le show-business américain.
Les minstrel show, spectacle de bouffoneries diverses, sont peut-être à l'origine des difficultés des blancs à prendre les noirs au sérieux.
Ci-dessous extrait vidéo d'un minstrel show où les noirs en imitant le menuet des blancs inventent le "cakewalk".
Les minstrel show, spectacle de bouffoneries diverses, sont peut-être à l'origine des difficultés des blancs à prendre les noirs au sérieux.
Ci-dessous extrait vidéo d'un minstrel show où les noirs en imitant le menuet des blancs inventent le "cakewalk".
En 1896, la cour suprême des Etats-Unis légalisera et autorisera les Etats et certains quartiers qui le souhaitent à imposer par la loi des dispositifs ségrégationnistes. Pendant plus d’un demi-siècle, il y aura dans les Etats-Unis deux sociétés séparées. Les Blancs vivant dans de meilleures conditions s’opposeront aux Noirs qui resteront une minorité discriminée au cours du XXème siècle.
